Vingt organisations de la société civile, nationales et internationales, exigent la libération immédiate et inconditionnelle de 48 jeunes activistes togolais encore détenus depuis les manifestations de juin 2025.
Dans un communiqué conjoint publié le 23 octobre, les signataires dénoncent une répression arbitraire et un resserrement inquiétant de l’espace civique au Togo.
Des arrestations massives et des violations graves
Selon ces organisations, au moins 133 personnes ont été arrêtées lors des rassemblements pacifiques organisés en juin pour protester contre la nouvelle Ve République, instaurée le 3 mai 2025.
Cette réforme a transformé le régime politique, confiant à Faure Gnassingbé la présidence du Conseil des ministres, un poste sans limite de mandat ni de pouvoirs clairement définis.
Les manifestations des 5, 6, 26, 27 et 28 juin ont été violemment réprimées.
Le Groupe d’intervention judiciaire Afrique de l’OMCT fait état de 5 exécutions extrajudiciaires, 21 cas de torture et plus d’une centaine d’arrestations arbitraires.
Dix-huit manifestants ont été condamnés à un an de prison, dont onze mois avec sursis.
Le cas emblématique d’“Aamron”
Parmi les détenus les plus connus figure “Aamron”, artiste et cyberactiviste, arrêté le 28 mai 2025 pour des publications critiques à l’égard du gouvernement.
Sa détention au secret et les tortures présumées qu’il aurait subies ont provoqué une vague d’indignation au sein de la jeunesse togolaise.
Depuis, les autorités ont renforcé les restrictions numériques : blocage de l’accès à Internet, surveillance des réseaux sociaux, interdictions de manifester et arrestations ciblées d’activistes, parfois à travers l’infiltration de comptes WhatsApp.
La société civile hausse le ton
Les ONG signataires affirment que plusieurs détenus ont subi mauvais traitements, violences sexuelles et privation d’assistance juridique ou médicale.
Certaines arrestations auraient été effectuées sans mandat, en violation flagrante des garanties constitutionnelles.
Elles dénoncent l’inaction du gouvernement malgré les alertes répétées des procédures spéciales de l’ONU, et rappellent que ces pratiques violent la Charte africaine des droits de l’Homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Les organisations appellent les autorités à restaurer les libertés fondamentales, condition essentielle, selon elles, à “la paix et à la démocratie”.
Avec IciLomé


