Le Gabon entre dans une nouvelle ère judiciaire. Ce lundi 10 novembre 2025, s’ouvre à Libreville le procès très attendu de Sylvia et Noureddin Bongo, épouse et fils de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, renversé par un coup d’État le 30 août 2023.
Douze chefs d’inculpation pèsent sur eux et onze de leurs proches, accusés d’avoir détourné les ressources du pays pendant les dernières années du régime.
Un procès sans les principaux accusés
Fait marquant : ni Sylvia ni Noureddin Bongo ne seront présents dans la salle d’audience. Le duo mère-fils, autorisé à quitter le pays en mai dernier, a trouvé refuge à Londres, d’où ils suivront le procès par contumace.
Ils dénoncent une « mascarade politique » et un « procès spectacle », affirmant dans la presse n’avoir « jamais détourné d’argent ».
Mais du côté du parquet, le ton est ferme.
« La justice s’exprimera avec rigueur, sans préjugés ni passe-droits », a déclaré le procureur Eddy Minang, promettant un procès exemplaire.
La “Young Team”, symbole d’un système déchu
Aux côtés de Sylvia et Noureddin, une douzaine de hauts responsables, surnommés la “Young Team”, comparaissent pour détournement de fonds publics, corruption, blanchiment, association de malfaiteurs ou encore usurpation de titres.
Ce groupe de jeunes cadres du palais présidentiel est accusé d’avoir monopolisé les leviers du pouvoir et des finances publiques sous le règne d’Ali Bongo.
Entre justice et symbole
Pour la société civile gabonaise, ce procès dépasse les individus : il marque la fin d’une impunité.
« Nous attendons simplement que les coupables paient », confie Ghislain Ngui Nze, porte-parole du collectif Les Citoyens indignés.
« Ils doivent revenir au Gabon pour répondre de leurs actes. »
Même son de cloche pour Georges Mpaga, président du Réseau des organisations libres pour la bonne gouvernance (ROLBG), qui réclame une coopération judiciaire internationale pour le rapatriement des avoirs présumés détournés.
Pendant une semaine, ce procès pourrait révéler les coulisses du pouvoir Bongo, et déterminer si la nouvelle ère promise par le général Brice Oligui Nguema sera réellement celle de la transparence et de la reddition de comptes.


