Depuis sa cellule, Constant Mutamba, ancien ministre de la Justice de la République démocratique du Congo, rompt le silence. Condamné à trois ans de travaux forcés pour tentative de détournement de près de 20 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani, l’ex-garde des Sceaux clame toujours son innocence.
Dans une lettre ouverte datée du 7 novembre, adressée au « peuple congolais » et aux « peuples d’Afrique », il dénonce un « procès politique » qu’il estime orchestré pour l’écarter de la scène publique.
Dans ce texte manuscrit de 13 pages, Constant Mutamba affirme être victime d’un complot organisé par des cercles politiques congolais et rwandais. Il fustige la corruption qu’il décrit comme un « cancer destructeur », dont les ramifications continueraient à gangrener les institutions du pays. Selon lui, l’affaire qui a conduit à sa condamnation aurait dû être réglée par une simple procédure administrative plutôt que par un procès qu’il qualifie d’inéquitable.
L’ex-ministre s’en prend également à la Cour constitutionnelle, qu’il accuse d’avoir validé des procédures irrégulières. Il parle d’un « déni de justice » venant, selon lui, confirmer la thèse du complot politique. Tout en réclamant une réforme profonde du système judiciaire, Mutamba plaide pour la fin de ce qu’il appelle un « système mafieux » au sein des institutions.
S’il critique fermement certains proches du pouvoir, il prend soin de ménager le président Félix Tshisekedi, qu’il présente comme « mal compris par ses collaborateurs » et mal entouré dans la gestion du pays. « Ils ont cru m’humilier, écrit-il, mais ils ont humilié tout un pays, tout un continent. »
Une source judiciaire, interrogée sous couvert d’anonymat, juge cependant l’ancien ministre « incorrigible » et estime qu’il n’a toujours pas tiré les leçons de ses erreurs.


