À 92 ans, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a une fois de plus prêté serment à Yaoundé pour un huitième mandat consécutif à la tête du Cameroun. Le président, doyen des dirigeants en exercice dans le monde, a promis de « rétablir l’ordre » dans un pays encore secoué par les violences postélectorales.
S’exprimant devant le Parlement camerounais, Paul Biya a adressé ses condoléances aux victimes des récentes manifestations, tout en accusant certains « politiciens irresponsables » d’avoir alimenté le chaos. « L’ordre régnera », a-t-il déclaré, assurant que la stabilité nationale demeurait sa priorité.
Malgré les accusations de fraude électorale portées par son principal rival Issa Tchiroma Bakary, le président sortant a salué la performance de l’organisme électoral Elecam, qu’il juge avoir mené un processus « satisfaisant ». Selon les résultats officiels, Biya a remporté 54 % des voix, contre 35 % pour son adversaire.
L’annonce de cette victoire a cependant provoqué de violentes contestations à travers le pays, faisant au moins 14 morts et plus de 1 200 arrestations, selon la Commission nationale des droits de l’homme. Certaines ONG avancent un bilan encore plus lourd.
Dans son discours d’investiture, Paul Biya a félicité les forces de sécurité pour avoir, selon lui, contenu les débordements, sans pour autant répondre aux accusations d’usage excessif de la force. Il a appelé les Camerounais à tourner la page du scrutin et à œuvrer ensemble pour un pays « uni, stable et prospère ».
Le chef de l’État a également promis de prioriser les questions liées à la jeunesse, aux femmes, à la corruption et à la sécurité, des domaines où son gouvernement fait face à de vives critiques.
Arrivé au pouvoir en novembre 1982 après la démission d’Ahmadou Ahidjo, Paul Biya règne depuis plus de quatre décennies, un record de longévité sur le continent. Son principal opposant, Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre devenu chef du Front national de salut du Cameroun, conteste toujours les résultats et appelle à la résistance pacifique.
Les États-Unis ont toutefois adressé un message de félicitations au président réélu, réaffirmant leur volonté de coopérer sur les questions de paix, sécurité et développement. Le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a également appelé les Camerounais à la « sérénité », rappelant le rôle essentiel du Cameroun dans la stabilité régionale.


