Une grève inédite secoue ce lundi 10 novembre la Société Nouvelle Industrie (SNI), située à Gbatope dans la zone franche industrielle du Togo. Les travailleurs ont cessé toute activité tôt dans la matinée, bloquant par moments la route Tsévié–Tabligbo pour exiger de meilleures conditions de travail et de vie.
Le mouvement est soutenu par le Mouvement Martin Luther King (MMLK), qui dénonce ce qu’il qualifie d’« esclavage des temps modernes » au sein de certaines entreprises opérant sous le régime de la zone franche.
“Un enfer pour les ouvriers togolais”
Selon le communiqué du MMLK publié dans la journée, les employés de la SNI travaillent dans des conditions qualifiées d’inhumaines : bas salaires, horaires épuisants, absence de sécurité sociale et de dialogue avec la direction.
« Cette société est devenue un véritable enfer pour les Togolais », déplore le MMLK, soulignant que « l’administration, majoritairement composée d’expatriés, considère le Togo comme un terrain conquis et discrimine les travailleurs locaux ».
Le mouvement syndical appelle les autorités togolaises à agir sans délai pour protéger les droits des travailleurs dans la zone franche, créée il y a 35 ans pour favoriser l’investissement et l’emploi local.
La SAZOF interpellée
L’organisation de défense des droits humains pointe également du doigt la Société d’Administration de la Zone Franche (SAZOF), qu’elle accuse de « faire la sourde oreille » face aux nombreuses alertes émises depuis plusieurs années.
« La SAZOF doit sortir de son silence et répondre aux réclamations légitimes des travailleurs », insiste le MMLK, rappelant que la zone franche devait initialement promouvoir des “emplois décents pour la jeunesse togolaise”, mais qu’elle “profite surtout aux opérateurs économiques et à leurs complices”.
Un enjeu national pour le travail décent
Ce mouvement social relance le débat sur les conditions de travail dans la zone franche togolaise, souvent critiquée par les syndicats pour le manque de contrôle du respect du Code du travail et des normes internationales.
Contactée par la rédaction, la SAZOF n’avait pas encore réagi à ces accusations au moment de la publication de cet article. De leur côté, les autorités promettent un suivi attentif de la situation afin d’éviter tout débordement et d’ouvrir la voie au dialogue social.
Créée en 1989, la zone franche industrielle du Togo vise à attirer les investissements étrangers en offrant des avantages fiscaux et douaniers aux entreprises exportatrices. En contrepartie, celles-ci doivent créer des emplois locaux et respecter les normes sociales en vigueur.
Mais selon plusieurs ONG, cette promesse est souvent trahie par des pratiques abusives : salaires précaires, absence de couverture sociale et conditions de travail non conformes.


