À la prison civile de Lomé, un mouvement inédit de grève de la faim agite l’établissement. Vingt-sept détenus considérés comme des prisonniers politiques ont cessé de s’alimenter pour dénoncer leurs conditions de détention et réclamer leur libération immédiate.
Depuis lundi, vingt-cinq autres prisonniers ont rejoint le mouvement initié le 8 novembre par Goma Abdoul Aziz, citoyen irlandais d’origine togolaise, et Koumayi Grâce, sage-femme et militante des droits humains.
Selon leurs soutiens, l’état de santé d’Abdoul Aziz se serait gravement détérioré au fil des mois, malgré de multiples alertes adressées aux autorités togolaises et aux organisations internationales.
Le 3 février dernier, il avait comparu devant un tribunal de Lomé dans ce que ses avocats qualifient de « procès inéquitable », sans preuves tangibles ni respect du droit à la défense. En septembre 2025, le Parlement européen avait adopté une résolution historique exigeant sa libération immédiate et celle de tous les prisonniers politiques au Togo. À ce jour, aucune mesure concrète n’a été annoncée par le gouvernement.
Dans une déclaration transmise depuis la prison, Goma Abdoul Aziz explique les motivations de ce geste extrême :
« Nous entamons cette grève de la faim non pas par désespoir, mais par conviction. Quand la justice se tait, nos corps deviennent notre dernier cri. Nous exigeons notre liberté et celle de tous les prisonniers politiques au Togo, sans exception. »
De son côté, Koumayi Grâce, hospitalisée après plusieurs jours de détention, aurait été « torturée à plusieurs reprises », selon le Collectif de soutien aux prisonniers d’opinion. Depuis son lit d’hôpital, elle affirme poursuivre le mouvement, dénonçant « la répression, la persécution et la criminalisation des voix dissidentes au Togo ».
Le collectif Togo Rights & Freedom Network-UK, basé à Londres et travaillant en coordination avec les familles et les défenseurs des droits humains sur place, a lancé un appel urgent à l’Union européenne, aux Nations Unies et à la CEDEAO pour « une intervention humanitaire immédiate » et la libération des grévistes.
À ce stade, aucune réaction officielle n’a été publiée par les autorités pénitentiaires ou gouvernementales.


