Six mois après avoir dénoncé la torture et les violences qu’il dit avoir subies, l’artiste et activiste Tchalla Essowè, alias Aamron, refait surface avec un message de réconciliation qui divise profondément l’opinion togolaise.
« J’ai pardonné, même à ceux qui m’ont torturé », a-t-il déclaré, dans un ton apaisé mais déroutant pour beaucoup.
Le pardon comme force ou comme renoncement ?
Aamron dit avoir retrouvé la paix intérieure, prônant une approche spirituelle du changement social :
« Je pourrais m’asseoir avec le commandant Mgbalé et manger dans la même assiette. Il a agi par ignorance. »
Un discours inattendu, presque déroutant, de la part d’un artiste longtemps perçu comme une voix libre, frondeuse, symbole de la résistance culturelle.
Pour ses partisans de la première heure, cette sortie sonne comme une capitulation morale, un revirement politique qui brouille les lignes de son engagement.
Sur les réseaux sociaux, Kodjovitoguin, figure du mouvement M66, a ironisé :
« Allez écouter le virement à 360 degrés… Les 25 blocs, on dirait tu n’as pas pu résister finalement. Et viens nous dire ce que tu vas faire chez Essolisam Gnassingbé, celui-là même qui nous combat. »
Des propos qui résument la désillusion d’une partie de la jeunesse militante, qui voit dans cette “conversion pacifiste” un rapprochement implicite avec le pouvoir.
Entre spiritualité et stratégie
Mais faut-il réduire le message d’Aamron à une trahison ?
Certains observateurs y voient une métamorphose intérieure, une volonté sincère de sortir du cycle de rancune et de revanche qui mine le pays depuis des décennies.
Son appel à la réconciliation touche une corde sensible :
« Le problème du Togo est spirituel. Mais on ne va pas le résoudre avec des libations ou des messes. »
Pour d’autres, ce discours, bien que noble en apparence, affaiblit la lutte pour la justice en donnant l’impression d’un effacement de la responsabilité des auteurs de violences.
Pardon, oui. Oubli, non.
Le débat est donc ouvert : peut-on parler de réconciliation sans vérité, ni réparation ?
Aamron affirme vouloir « laisser la justice faire son travail », mais son ton conciliant interroge dans un contexte où les victimes attendent toujours des actes concrets.
Entre sagesse et renoncement, foi et fatalisme, le chanteur place les Togolais face à une question essentielle :
L’intégralité de sa sortie sur TikTok











