L’augmentation des grossesses en milieu scolaire inquiète de plus en plus au Togo. Les autorités éducatives, les professionnels de santé et les acteurs de la société civile tirent la sonnette d’alarme face à un phénomène qui touche désormais tous les niveaux du système éducatif — du primaire au lycée.
À cela s’ajoute une utilisation abusive des pilules du lendemain, devenue un nouveau facteur de risque pour la santé des jeunes filles.
Des chiffres alarmants, surtout au collège
Selon Apoté Akpe, expert en santé reproductive, la situation est particulièrement préoccupante dans les collèges d’enseignement général (CEG) :
« Contrairement aux idées reçues, ce sont les collèges qui enregistrent le plus grand nombre de grossesses », indique-t-il.
Les statistiques le confirment :
- 1 625 cas de grossesses en 2022-2023,
- 1 722 cas en 2023-2024,
- puis 1 059 cas en 2024-2025.
Même si une baisse est notée cette année, la tendance reste hautement préoccupante, compte tenu de l’âge des élèves concernées.
Au primaire, les chiffres sont plus faibles mais encore plus choquants, car ils concernent des enfants :
47 cas en 2021-2022, 54 cas en 2022-2023 et 25 cas en 2023-2024.
« C’est extrêmement inquiétant, car il s’agit d’enfants », déplore l’expert.
Les lycées ne sont pas épargnés :
802 cas recensés la première année, 723 la suivante, puis 985 cas en 2023-2024 — un bond significatif.
L’abus de pilules du lendemain inquiète les médecins
Pour Dr Abram Ametepe, pédiatre et spécialiste en santé publique, le phénomène est directement lié à la banalisation des pilules du lendemain :
« Ces pilules, censées être utilisées de manière exceptionnelle, sont devenues un moyen de contraception courant, ce qui est dangereux », avertit-il.
Selon lui, ces produits sont vendus librement dans les officines proches des écoles, parfois sans ordonnance :
« Elles se vendent comme de petits bonbons », s’indigne-t-il.
Cette consommation incontrôlée expose les adolescentes à des troubles hormonaux, des risques d’infertilité et une vulnérabilité accrue aux grossesses non désirées ou aux avortements clandestins.
Appel à une riposte nationale
Face à l’ampleur du phénomène, les experts appellent à une éducation sexuelle complète, un contrôle strict de la vente des contraceptifs d’urgence et une mobilisation des parents et enseignants.
« Il faut investir dans la prévention et l’accès responsable aux services de santé reproductive. C’est une question de santé publique et d’avenir pour notre jeunesse », conclut Dr Ametepe.











