À quelques jours du scrutin du 25 octobre, les cinq candidats multiplient les meetings et les tournées dans un climat politique tendu, marqué par l’absence des figures majeures de l’opposition.
Une capitale rythmée par la campagne
À Abidjan, les rues vibrent au rythme des caravanes sonorisées, tandis que les murs de la capitale économique se parent d’affiches aux couleurs des cinq prétendants à la présidence.
Parmi eux, Jean-Louis Billon, candidat du Code (Coalition pour la démocratie et l’émergence), sillonne les communes de Marcory et Koumassi pour rallier à sa cause les militants du PDCI. Une mission délicate, depuis que la candidature de Tidjane Thiam, leader du parti, a été rejetée par le Conseil constitutionnel, laissant les électeurs orphelins de consigne claire.
Ouattara en campagne pour un quatrième mandat
Le président sortant Alassane Ouattara, en lice pour un quatrième mandat, a clôturé le week-end par deux grands rassemblements au stade Félix-Houphouët-Boigny.
Entouré de jeunes et de femmes, il a défendu son bilan social et promis d’intensifier la lutte contre les violences sexistes, tout en affichant une ambition forte : « Je veux que toutes les femmes de Côte d’Ivoire sachent lire et écrire d’ici à 2030. »
Une déclaration qui s’inscrit dans un discours de continuité, alors que l’opposition dénonce l’usure du pouvoir et la concentration des institutions entre les mains du RHDP.
Des candidats à l’écoute des acteurs économiques et locaux
D’autres candidats ont choisi des approches plus ciblées. Ahoua Don Mello, ancien proche de Laurent Gbagbo et désormais indépendant, a longuement échangé avec le patronat ivoirien autour de la « souveraineté économique » du pays.
Henriette Lagou, quant à elle, mise sur les rencontres de proximité, visitant chefs coutumiers et groupements professionnels dans le centre et le nord du pays.
Enfin, Simone Ehivet Gbagbo, syndicaliste et ancienne Première dame, parcourt l’ouest et le sud-ouest, martelant son message de réconciliation nationale : « Les cœurs sont encore chargés, il y a des gens qui pleurent encore leurs morts », a-t-elle rappelé.
Une campagne sous haute surveillance
En toile de fond, les autorités ont restreint les libertés de rassemblement. Les manifestations de groupements politiques non engagés dans la présidentielle sont interdites jusqu’à la fin de l’élection, afin d’éviter tout débordement.
Cette mesure fait suite aux heurts d’octobre, lorsque plus de 700 opposants ont été arrêtés après une marche interdite du Front commun PDCI–PPA-CI. Plusieurs dizaines ont depuis été condamnées à trois ans de prison ferme pour troubles à l’ordre public.
Vers un scrutin sous tension
À mesure que le jour du vote approche, les appels au calme se multiplient. Si les autorités promettent un scrutin apaisé, nombre d’Ivoiriens restent sceptiques, redoutant un scénario de confrontation post-électorale comme en 2010.
Dans les rues d’Abidjan, la lassitude domine : « Il n’y a pas trop d’engouement parce qu’il n’y a pas de vrai combat », confie un habitant.
Reste à savoir si, le 25 octobre, les urnes feront mentir ce sentiment de résignation.


