La Cour des comptes vient de rendre public un rapport accablant sur la gestion de la commune de Moyen-Mono 1 entre 2019 et 2022. Dans un document de 44 pages consultées par TBN, l’institution relève une série d’irrégularités graves : absence d’organigramme, budgets non publiés, recettes gonflées sur le papier, et dépenses effectuées sans pièces justificatives.
Une administration sans repères
Dès les premières lignes, le rapport constate une faiblesse structurelle majeure : la commune ne disposait d’aucun organigramme.
« La commune ne dispose pas d’un organigramme formel pouvant informer du bon fonctionnement de la structure et de la bonne répartition des tâches », peut-on lire dans le document.
Ce vide administratif crée une gestion confuse, marquée par un chevauchement de compétences, une dilution des responsabilités et, souvent, une concentration de pouvoirs. Même constat du côté du conseil municipal : aucun registre officiel des délibérations n’a été tenu, contrairement aux exigences légales.
Budgets cachés, comptes dissimulés
Sur le plan budgétaire, la Cour des comptes pointe une opacité quasi totale.
Les budgets n’ont pas été affichés au siège de la mairie, privant les citoyens d’un droit fondamental à l’information. Les comptes administratifs, eux aussi, sont restés hors du regard public.
Cette absence de transparence s’accompagne d’une mauvaise sincérité des prévisions financières.
En 2020, par exemple, la commune avait prévu 10,48 millions FCFA de recettes, mais n’a recouvré que 3,66 millions (34,9%).
En 2021, seulement 2,5% des recettes prévues ont été réellement perçues, et en 2022, à peine 29,1%.
« Il manque donc de sincérité dans la prévision des recettes », conclut la Cour.
Les droits de place, principale source de revenus des marchés locaux, ne font guère mieux, avec des taux de recouvrement oscillant entre 46,75% et 62,88% sur la période examinée.
Dépenses floues et infrastructures défaillantes
À ces carences s’ajoutent des anomalies dans les dépenses publiques. Des mandats d’investissement ont été exécutés sans justificatifs complets : absence de signature, d’identité ou de cachet du trésorier.
Exemple frappant : un mandat de 2,2 millions FCFA pour la réhabilitation de hangars à Tado a été payé sans pièce d’identité du bénéficiaire ni cachet officiel.
Sur le terrain, les réalisations sont loin de satisfaire les besoins des populations : un apâtam scolaire à Kpatsivémé en état de dégradation avancée, deux puits non fonctionnels, et plusieurs infrastructures déjà inutilisables.
Les recommandations de la Cour
La Cour des comptes ne se limite pas à dresser un constat. Elle recommande à la commune de :
- se doter d’un organigramme fonctionnel,
- publier régulièrement ses budgets et comptes,
- instaurer une comptabilité-matières rigoureuse,
- renforcer le suivi des travaux et la formation du personnel,
- sécuriser les pièces comptables,
- et améliorer la mobilisation des recettes locales.
« Le rapport n’est pas une condamnation, mais une sirène d’alarme », souligne l’institution.
Elle appelle les autorités locales à corriger ces dysfonctionnements afin de rétablir la confiance et d’assurer une gouvernance transparente.
“Une commune n’est pas un château de sable”
En conclusion, la Cour rappelle que la décentralisation ne peut réussir sans rigueur administrative.
« Une commune n’est pas un château de sable. Elle doit tenir debout pour ses citoyens », insiste le rapport.
Ce rapport, disponible depuis août 2025 sur le site de la Cour des comptes, s’inscrit dans la dynamique nationale de redevabilité et de transparence publique. Il vient rappeler que la décentralisation, pierre angulaire de la gouvernance locale, doit s’accompagner d’un sens élevé de responsabilité.


