La capitale togolaise accueille ce week-end la deuxième édition du Lomé Peace and Security Forum (LPSF), organisée en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Devant un parterre de dirigeants africains, de diplomates et d’experts internationaux, le président Faure Essozimna Gnassingbé a lancé un vibrant appel à une sécurité africaine pensée et financée par les Africains eux-mêmes.
“L’Afrique doit être actrice de sa propre sécurité”
Placé sous le thème « L’Afrique face aux défis sécuritaires complexes : comment renforcer et rendre durables la paix et la stabilité dans un monde en mutation ? », le forum a réuni plusieurs personnalités de haut rang : Joseph Boakai, président du Liberia, Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria, Leonardo Santos Simão, représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, ainsi que Tete Antonio, ministre angolais des Affaires étrangères.
Dans son discours d’ouverture, Faure Gnassingbé a insisté sur la nécessité pour les pays africains de définir eux-mêmes leurs priorités sécuritaires.
“Trop souvent, notre continent a été le théâtre de rivalités extérieures. Ce modèle est révolu. L’avenir de la sécurité africaine se jouera ici, sur notre continent.”
Cette souveraineté, a-t-il précisé, ne signifie pas isolement, mais coopération choisie et concertée, fondée sur le renforcement des organisations régionales et continentales. Le président a plaidé pour des armées professionnelles, des diplomaties actives et des mécanismes régionaux performants, capables de répondre aux menaces transversales.
Construire la paix par la justice et l’inclusion
Au-delà de la dimension militaire, le chef de l’État togolais a rappelé que la paix durable se nourrit de justice et de cohésion.
“La paix ne se décrète pas, elle se construit. Et elle se construit par l’inclusion et par la justice sociale.”
Selon lui, les conflits naissent souvent de frustrations sociales, d’inégalités territoriales ou d’exclusions politiques. Il a salué le rôle déterminant des femmes, des jeunes et de la société civile dans les processus de réconciliation, tout en soulignant les efforts du Togo en matière d’éducation, d’emploi et de gouvernance participative.
“La sécurité n’est pas qu’une affaire d’armes. C’est aussi une affaire de dignité, d’espoir et d’accès équitable aux services publics.”

Prévenir plutôt que subir les crises
Face aux menaces croissantes – terrorisme, cybercriminalité, criminalité transnationale ou insécurité climatique –, Faure Gnassingbé a exhorté les dirigeants africains à passer d’une logique de réaction à une logique de prévention.
“Prévenir plutôt que subir, c’est investir dans le renseignement partagé, la veille stratégique et les systèmes d’alerte précoce.”
Il a également mis en garde contre les dérives liées au numérique :
“Une partie de la bataille se jouera dans le champ numérique. Les technologies doivent servir la paix, pas la déstabilisation.”
Financer la paix par l’Afrique, pour l’Afrique
Autre pilier de sa vision : le financement endogène de la sécurité.
“La sécurité a un coût, et ce coût doit être assumé. Nous devons inventer nos propres instruments de financement, sans dépendre de ressources extérieures instables.”
Le président togolais a plaidé pour une reconnaissance internationale des dépenses africaines de sécurité comme biens publics mondiaux, au même titre que l’éducation ou la santé.
Lomé, capitale africaine du dialogue et de la lucidité
Clôturant son intervention, Faure Gnassingbé a réaffirmé son ambition de faire du Forum de Lomé un espace africain de clarté, d’innovation et de responsabilité partagée.
“Je veux que Lomé reste un lieu de clarté, où l’on ose dire que la paix n’est pas un rêve naïf mais une stratégie exigeante.”
Saluant “le leadership lucide” du Togo, Joseph Boakai et Olusegun Obasanjo ont à leur tour encouragé la démarche togolaise, voyant dans le Forum un laboratoire de solutions africaines aux crises africaines.
Les panels prévus abordent les enjeux des Grands Lacs, l’autonomie stratégique du continent, et le rôle de la jeunesse et de l’intelligence artificielle dans la consolidation de la paix.
Une tribune pour une Afrique forte, souveraine et unie
En deux éditions seulement, le Lomé Peace and Security Forum s’est imposé comme un rendez-vous de référence pour les acteurs du dialogue et de la stabilité sur le continent.
Entre autonomie, prévention et justice sociale, Faure Gnassingbé y trace les contours d’une paix africaine durable, fondée sur la responsabilité et la solidarité.


