C’est une page majeure de l’histoire politique kényane qui se tourne. Raila Amolo Odinga, figure emblématique de la démocratie est-africaine et ancien Premier ministre du Kenya, est décédé ce mercredi matin à Kochi, dans le sud de l’Inde, à l’âge de 80 ans.
Selon les informations officielles, l’ancien chef de l’opposition a succombé à un arrêt cardiaque alors qu’il suivait un traitement dans un centre de soins ayurvédiques. Il s’est effondré au cours d’une promenade matinale avant d’être transporté en urgence à l’hôpital Devamatha de Koothattukulam, où son décès a été constaté à 9 h 52 (heure locale).
Une icône politique de l’Afrique de l’Est
Fils de Jaramogi Oginga Odinga, premier vice-président du Kenya indépendant, Raila Odinga a hérité d’un nom synonyme de résistance et d’idéaux démocratiques. Depuis son entrée au Parlement en 1992, il a incarné l’opposition la plus constante face aux régimes successifs — de Daniel Arap Moi à William Ruto.
Chef du gouvernement entre 2008 et 2013 dans le cadre du gouvernement d’union nationale, Odinga restera dans l’histoire pour avoir contesté cinq fois la présidence (1997, 2007, 2013, 2017, 2022) sans jamais accéder au pouvoir suprême.
Les violences post-électorales de 2007, qui avaient fait plus de 1 100 morts, ont durablement marqué le pays et son parcours.
De l’opposant radical au faiseur de paix
Malgré des décennies de tensions, Odinga avait su surprendre par son pragmatisme politique. En 2018, il scelle une réconciliation historique avec Uhuru Kenyatta, son ancien rival, lors du fameux “Handshake” qui avait symbolisé la volonté d’unité nationale.
En 2023, il répète le geste en se rapprochant du président William Ruto, scellant son image d’homme d’État au-dessus des querelles partisanes.
Un héritage politique et moral immense
Ancien prisonnier politique, plusieurs fois emprisonné sous le régime de Moi, Raila Odinga était un ardent défenseur de la bonne gouvernance, de la décentralisation et de la justice sociale. Il prônait une réforme profonde de l’État kényan, l’instauration d’une couverture santé universelle et la gratuité de l’éducation.
Dans sa région natale de Nyanza, ses partisans le vénéraient comme un héros. Même sans jamais devenir président, “Baba” – comme on l’appelait affectueusement – laisse une empreinte indélébile dans l’histoire du Kenya moderne.
Un deuil national à venir
À Nairobi, les drapeaux ont été mis en berne et le gouvernement devrait décréter un deuil national de sept jours. Plusieurs dirigeants africains, dont William Ruto, Uhuru Kenyatta, Cyril Ramaphosa et Faure Gnassingbé, ont adressé leurs condoléances à la famille Odinga et au peuple kényan.
« Raila Odinga était plus qu’un homme politique. C’était une conscience nationale, une force de la démocratie africaine », a déclaré le président Ruto dans un communiqué.
Récemment au Kenya un garde du palais présidentiel a été tué avec une flèche .


