L’ancien président français Nicolas Sarkozy s’apprête à être incarcéré ce mardi 21 octobre à la prison de La Santé, à Paris, après sa condamnation pour complot criminel dans l’affaire du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007. Il devient ainsi le premier ex-chef d’État d’un pays de l’Union européenne à purger une peine de prison ferme.
Une condamnation au retentissement mondial
Reconnu coupable fin septembre d’avoir participé à une entreprise de financement illégal en lien avec le régime de Mouammar Kadhafi, Sarkozy, âgé de 69 ans, a dénoncé une décision « injuste » mais dit se préparer à la respecter :
« S’ils tiennent absolument à ce que je dorme en prison, je dormirai en prison — la tête haute », a-t-il déclaré à la presse après le verdict du 25 septembre.
Selon le jugement, les faits sont d’une « gravité exceptionnelle ». La présidente du tribunal, Nathalie Gavarino, a ordonné l’exécution immédiate de la peine, malgré le dépôt d’un appel par la défense.
Isolement à la prison de La Santé
À son arrivée, Nicolas Sarkozy devrait être placé dans une cellule individuelle d’environ neuf mètres carrés, sous haute surveillance. Il sera probablement isolé du reste des détenus pour éviter tout risque de photographie ou d’incident, précise une source judiciaire citée par l’AFP.
Il pourra sortir une heure par jour dans une cour fermée, seul. Son équipe d’avocats, menée par Me Thierry Herzog, prépare déjà une demande de mise en liberté sous contrôle judiciaire ou de détention à domicile avec bracelet électronique, que la cour d’appel devra examiner sous deux mois.
Un ex-président rattrapé par la justice
Ce n’est pas la première condamnation de Nicolas Sarkozy. Depuis son départ de l’Élysée en 2012, il a été :
- reconnu coupable dans l’affaire dite des « écoutes », pour corruption et trafic d’influence,
- sanctionné pour financement illégal de campagne dans l’affaire « Bygmalion ».
Il avait jusque-là purgé ses peines sous surveillance électronique, avant la levée de cette mesure en mai dernier.
L’affaire libyenne, un scandale tentaculaire
Dans le dossier dit du « financement libyen », les procureurs accusent Sarkozy et plusieurs proches d’avoir accepté des fonds en provenance du régime de Kadhafi dès 2005 pour soutenir sa campagne présidentielle de 2007. En contrepartie, la France aurait aidé à réhabiliter l’image du dictateur libyen sur la scène internationale, malgré son implication dans les attentats de Lockerbie (1988) et du Niger (1989).
Cependant, la cour n’a pas retenu l’accusation de corruption passive ni d’enrichissement personnel, faute de preuve directe que Sarkozy ait reçu de l’argent.
Une opinion publique partagée
Malgré ses démêlés judiciaires, Nicolas Sarkozy conserve une cote d’amour persistante dans une partie de la droite française. Mais selon un sondage Elabe réalisé après le verdict, 60 % des Français jugent la condamnation « juste ».
Son fils Louis Sarkozy a appelé ses partisans à « venir montrer leur soutien » devant la résidence familiale mardi matin.
Menaces et tensions
Depuis le prononcé du jugement, la juge Gavarino aurait reçu plusieurs menaces de mort, ce qui a conduit le président Emmanuel Macron à condamner publiquement ces intimidations, les qualifiant d’« inacceptables ».
Une prison au passé sulfureux
La prison de La Santé, où sera détenu l’ancien président, a déjà accueilli plusieurs figures notoires : Ilich Ramirez Sánchez, alias Carlos le Chacal, ou encore Jean-Luc Brunel, ancien agent de mannequins et proche de Jeffrey Epstein, retrouvé mort dans sa cellule en 2022.

