Quelques heures seulement après son élection à la présidence de l’Assemblée nationale, Komi Selom Klassou fait déjà face à ses premières critiques. L’opposante Kafui Adjamagbo Johnson, députée à l’hémicycle, a vivement réagi sur les réseaux sociaux, dénonçant ce qu’elle qualifie de « jeu de chaises musicales » au sommet du Parlement togolais.
Un “non-événement” pour l’opposition
« Joli jeu de chaises musicales, digne de la 5e République, orchestré cet après-midi à l’Assemblée nationale », a écrit Kafui Adjamagbo Johnson sur sa page Facebook, quelques heures après la séance plénière du mardi 28 octobre 2025.
Pour la députée de l’opposition, cette élection ne représente aucun changement réel pour les Togolais : « C’est un non-événement pour le peuple qui se bat contre la 5e République, pour l’alternance et pour vivre décemment », a-t-elle insisté.

L’opposante, qui a boycotté la séance plénière, affirme avoir voulu marquer son désaccord en ne répondant pas à la convocation des députés. « Ce n’est décidément pas cela que le peuple togolais attend », a-t-elle ajouté, avant de conclure par un message de mobilisation : « Restons fermes et déterminés, la victoire est au bout de notre persévérance ! »
Klassou, symbole de continuité politique
L’élection de Komi Selom Klassou, ancien Premier ministre et figure historique du parti au pouvoir Union pour la République (UNIR), marque un retour remarqué sur la scène politique. Fidèle parmi les fidèles de Faure Gnassingbé, il succède à Kodjo Adedze, récemment nommé ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Urbanisme.
Cette désignation s’inscrit dans un contexte institutionnel sensible : depuis la révision constitutionnelle du 6 mai 2024, le Togo est officiellement passé à un régime parlementaire, donnant au président de l’Assemblée nationale un rôle stratégique dans la gouvernance du pays.
Une élection sans surprise, mais déjà contestée
Seul candidat en lice, Klassou a été élu à l’unanimité des députés présents — une élection sans suspense mais à forte portée symbolique. Son retour au perchoir intervient alors que le pouvoir cherche à consolider la transition vers la nouvelle architecture institutionnelle.
Mais pour une partie de l’opposition, cette nomination illustre au contraire la continuité du système. « Le peuple togolais attend un véritable changement, pas une rotation entre les mêmes visages », glisse un autre élu de l’opposition sous couvert d’anonymat.
Une rentrée parlementaire sous tension
L’absence remarquée de plusieurs députés d’opposition lors de cette plénière témoigne du climat de méfiance persistant entre majorité et opposition. Dans le même temps, le président du Conseil, Faure Gnassingbé, était en déplacement à Luanda (Angola) pour un sommet continental, ajoutant à la confusion sur le calendrier politique.
Pour Komi Selom Klassou, le défi s’annonce double : restaurer la crédibilité du Parlement dans ce nouveau régime et parvenir à un dialogue plus inclusif avec une opposition toujours sceptique face aux réformes en cours.


