Depuis sa cellule à la prison civile de Lomé, Grâce Bikonibiyaté Koumayi refuse le statut de prisonnière. Dans une lettre poignante datée du 25 octobre, l’ancienne militante du NET et sage-femme d’État, détenue depuis un mois, parle d’une voix calme mais ferme : « Je ne suis pas en prison, je suis en mission. »
Cette femme devenue symbole de courage dénonce une injustice d’État qui, selon elle, « transforme le silence des Togolais en arme de destruction morale ». Son message, largement relayé sur les réseaux sociaux, sonne comme une leçon de résistance et de dignité.
« Ce silence qui s’épaissit autour de vous ne vous protège pas, il vous prévient », écrit-elle à l’intention du Président du Conseil.
« Vous pouvez enfermer un corps, mais jamais une conviction. Vous pouvez briser la chair, mais non l’espoir. »
Dans son texte intitulé “Une vie d’enfer dans un paradis”, Grâce Koumayi interpelle également le procureur de la République, Mawama Talaka : « On ne frappe pas une femme déjà à terre. Car son sang devient semence, et toute semence finit par lever. »
Malgré les menaces, elle affirme n’avoir « plus peur », consciente des risques encourus :
« Ici en prison, une simple injection peut me faire disparaître à jamais. Mais je préfère risquer ma disparition que d’assister impuissante à la misère morale et spirituelle de mon peuple. »
Pour elle, le combat dépasse sa propre situation : c’est celui de la dignité et de la justice.
« Ce combat-ci n’est pas celui d’une femme seule, ni d’un parti. C’est celui de la dignité humaine. Et la dignité, quand elle s’éveille, ne se négocie pas. »
À travers ce texte d’une force rare, Grâce Koumayi s’érige en voix du peuple , en symbole de courage au féminin dans un Togo où la parole libre se paie cher.


