En Guinée-Bissau, le calme des urnes a cédé la place au fracas des armes. Alors que le pays attendait encore la proclamation officielle des résultats des élections, les forces armées ont annoncé, mercredi 26 novembre, avoir pris le contrôle du pouvoir. Un coup de force aussitôt condamné par l’Union africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Forum ouest-africain des Sages.
Dans une déclaration conjointe, les chefs des missions d’observation — Filipe Nyusi pour l’UA, Issifu Baba Braimah Kamara pour la CEDEAO, et Goodluck Jonathan, ancien président du Nigeria — ont dénoncé “une tentative flagrante de perturber le processus démocratique”. Ils exigent la libération immédiate des responsables électoraux et des membres du gouvernement actuellement détenus par les militaires.
Quelques jours plus tôt, le climat politique semblait pourtant apaisé. Le scrutin présidentiel du 23 novembre s’était déroulé dans un calme salué par les observateurs internationaux : files disciplinées, sécurité assurée, et un esprit civique exemplaire. Les deux principaux candidats s’étaient même engagés à respecter le verdict des urnes.
Mais l’annonce du coup d’État a tout bouleversé. Les chars ont pris position autour des bâtiments officiels, les réseaux téléphoniques ont été restreints, et plusieurs hauts fonctionnaires — notamment de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et du ministère de l’Intérieur — auraient été arrêtés. Leurs localisations exactes demeurent inconnues.
Pour beaucoup, cette nouvelle rupture est un retour en arrière pour un pays marqué par une instabilité chronique : depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’État réussis et plus d’une dizaine de tentatives.
Les observateurs rappellent pourtant que la crédibilité du scrutin n’était pas remise en cause, ni par les candidats, ni par les partis d’opposition.
Face à cette situation, les missions d’observation appellent à la restauration immédiate de l’ordre constitutionnel et exhortent l’armée à se retirer du jeu politique.
Elles insistent sur l’urgence de préserver les acquis démocratiques et de protéger la population civile, dans un contexte régional déjà fragilisé par une série de coups d’État récents.











