La Cour constitutionnelle de la République centrafricaine a validé, vendredi, la candidature du président Faustin-Archange Touadéra pour l’élection présidentielle du 28 décembre prochain. Cette décision ouvre la voie à un troisième mandat pour le chef de l’État, au pouvoir depuis 2016, dans un climat de tensions sécuritaires persistantes et de dépendance croissante envers la Russie.
La haute juridiction a également validé les candidatures d’Anicet Georges Dologuélé, figure majeure de l’opposition, ainsi que celles de cinq autres prétendants. Elle a en revanche rejeté une requête visant à disqualifier M. Touadéra pour non-conformité aux critères constitutionnels.
Touadéra, allié de longue date de Moscou, s’appuie depuis plusieurs années sur les forces russes pour sécuriser son régime. Le pays fut l’un des premiers terrains d’opération du groupe paramilitaire Wagner, dont les combattants ont contribué à stabiliser Bangui et à repousser une offensive rebelle en 2021. En échange, Moscou a obtenu un accès privilégié aux ressources minières, notamment l’or.
Mais les relations entre Bangui et Moscou traversent une zone de turbulences. Selon des sources gouvernementales et militaires, la Russie souhaite remplacer Wagner par l’Africa Corps, une structure officielle, et exige désormais un paiement en espèces pour ses services — une requête à laquelle les autorités centrafricaines seraient réticentes, préférant le système de compensation en minerais.
La candidature de Touadéra intervient également dans un contexte politique délicat : en 2023, un référendum constitutionnel soutenu par Wagner lui a permis d’ouvrir la voie à un maintien prolongé au pouvoir, au grand dam d’une partie de la classe politique et de la société civile.
Sur le plan sécuritaire, le pays demeure fragmenté. Malgré l’accord de paix de 2019, six des quatorze groupes armés signataires s’en sont retirés, et des affrontements persistent dans plusieurs régions.
La décision de la Cour est survenue le même jour que le renouvellement, pour un an, du mandat de la mission de maintien de la paix des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA), preuve que la situation reste encore instable.











