Une lettre au ton grave, datée du 1er décembre 2025, fait beaucoup parler à Lomé. Le chef de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), Jean-Pierre Fabre, a adressé un courrier officiel au Président de la République, Jean-Lucien Savi de Tové, pour dénoncer ce qu’il qualifie de « dérive institutionnelle » : le retour des portraits de Faure Gnassingbé dans les bâtiments publics.
Un symbole lourd de sens
Depuis plusieurs semaines, de nouveaux portraits de Faure Gnassingbé, aujourd’hui Président du Conseil, ont fait leur apparition dans les préfectures, écoles, et tribunaux.
Pour Jean-Pierre Fabre, ce geste n’est pas anodin :
« En substituant l’effigie du chef du Gouvernement à celle du symbole de l’unité nationale, on opère un détournement de l’autorité de l’État », écrit-il.
Selon lui, cette pratique viole directement l’article 40 de la nouvelle Constitution, qui stipule que « le Président de la République est le Chef de l’État et le symbole de l’unité nationale ».
Une faille dans la Ve République
Adoptée en mai 2025, la nouvelle Constitution parlementaire a instauré une 5ᵉ République où le Président du Conseil détient la réalité du pouvoir exécutif.
Mais pour Fabre, ce système n’est qu’un « parlementarisme de façade », conçu pour maintenir le contrôle du pouvoir tout en contournant la limitation des mandats présidentiels.
Il dénonce également une « faille constitutionnelle abyssale » : la Constitution ne préciserait pas qui nomme les ministres, rendant ainsi le gouvernement de Faure Gnassingbé juridiquement discutable.
Un appel à la responsabilité du Chef de l’État
Dans sa lettre, Fabre interpelle directement le Président Savi de Tové, juriste de formation, l’appelant à sortir de la réserve que lui impose sa fonction :
« Vous avez juré de faire respecter la Constitution. Elle vous impose le devoir moral et politique de réaffirmer la prééminence de la fonction présidentielle », insiste-t-il.
Une question lourde de sens
Le texte se clôt sur une interrogation symbolique, qui résonne comme une provocation :
« Mais que peut un Président sans pouvoir, quand le portrait de celui qui détient tout le pouvoir remplace le sien sur les murs de la République ? »











